CINÉASTE

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Ahmed EL MAANOUNI

Auteur, réalisateur, directeur de la photographie et producteur

Né à Casablanca, Ahmed El Maanouni est une figure pionnière du cinéma marocain. En 1978, il signe son premier long-métrage « Alyam Alyam ». Un chef-d’œuvre fondateur, un chant d’exil et de résistance, porté par la voix d’une mère et le silence d’un fils. Le Maroc rural y trouve un visage, une langue, une mémoire. Entré dans l’histoire, il est le premier film marocain sélectionné au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard. Il remporte de nombreux prix internationaux.
Trois ans plus tard, il réalise « Al Hal » (Transes), un documentaire musical centré sur le légendaire groupe Nass El Ghiwane. Plus qu’un film : une expérience, une plongée dans l’âme d’un peuple. Martin Scorsese, séduit, le restaurera en 2007 pour la sélection Cannes Classics, lui offrant une reconnaissance mondiale. « Transes » intègre ensuite la prestigieuse Criterion Collection et Eureka – The Masters of Cinema.
« … Ce film, depuis ces années-là, est devenu mon obsession, c’est pour ça que j’ai voulu inaugurer cette fondation avec TRANSES ».
Martin Scorsese
En 2007, il poursuit son œuvre avec « Les Cœurs Brûlés », une histoire de mémoire, de pardon, de conflits familiaux dans une société marocaine en transition. Le film reçoit le Grand Prix et le Prix de la critique au Festival National du Film. Plus de cinquante festivals internationaux l’honorent.
En 2015, il écrit et réalise « Les Chemins de la liberté », une trilogie documentaire sur Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V que Dieu ait son âme, figure centrale de l’indépendance marocaine. À travers témoignages, archives et récits intimes, il construit une fresque historique et humaine, dédiée aussi à la mémoire des femmes résistantes, souvent invisibilisées.
Deux ans plus tard, il revient à la fiction avec « Fadma », comédie douce-amère sur la solidarité et les liens familiaux, saluée par la critique et récompensée au Festival National du film.
Également passeur de savoir, El Maanouni anime des ateliers, des master-classes et des résidences internationales. Avec humilité, il partage son expérience, questionne le rôle du cinéma et accompagne les nouvelles générations de cinéastes. Pour lui, filmer, c’est transmettre.
Sa contribution à la culture est saluée par la République française, qui le fait Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Une reconnaissance qui consacre un engagement artistique et intellectuel rare.
Il n’a jamais cessé de documenter les marges de l’histoire : avec « Les Goumiers marocains » (1992), il redonne voix aux soldats oubliés. Dans « Maroc-France, une histoire commune » (2006), il dévoile les zones d’ombre du protectorat. Dans « Conversations avec Driss Chraïbi », il explore l’œuvre d’un écrivain libre et dérangeant.
Aujourd’hui, à 80 ans, Ahmed El Maanouni continue de créer. « L’Écorce et le Roc », « Itto et les pierres tombées du ciel », « Touria Chaoui, des rêves et des ailes » : trois projets en cours, trois hommages à des figures essentielles, à des mémoires vivantes.
Son œuvre est un miroir tendu à la société marocaine. Mais elle parle au monde entier. Par son regard sobre, sa mise en scène épurée, son respect des silences, il construit un cinéma qui touche, qui éclaire et qui élève. Ahmed El Maanouni ne filme pas pour plaire. Il filme pour dire, se souvenir et réparer. Son cinéma est un acte d’amour et de foi. Un héritage pour aujourd’hui et pour demain.

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